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Carnet de vadrouilleurs
13 septembre 2005

Petite virée en enfer ?

Dernière étape de l'ascension du volcan Conception, île d'Ometepe, Nicaragua.

Après cette étape en forêt, ce n'est plus le cœur qui est mis à l'épreuve, ce sont les genoux. La pente est devenue hyper raide. Les arbres disparaissent peu à peu, laissant place à des buissons puis, tout doucement, à un paysage montagneux entièrement dégagé. Nous voilà suspendus à mi-chemin entre le sommet et la base du cône. Les vues qui s'offrent à nous sont vertigineuses et grandioses. Le vert se déroule à nos pieds jusqu'au lac immense et brillant. Au dessus de nous, le cratère se dresse à la verticale, tel un mur légèrement déséquilibré.

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Au fur et à mesure que nous avançons, les efforts deviennent de plus en plus rudes, à tel point que pour achever l’ascension, il faut parfois s'équilibrer avec les mains, et même en arriver à marcher comme des quadrupèdes ! Souffle haletant, corps courbés, têtes baissées, visage dégoulinant de sueurs, gestes mécanisés, nous ne sommes plus. Mais que faisons nous là au juste ? Nous n’avons même plus de force pour réfléchir à la question, ni réfléchir tout court d'ailleurs. L'ivresse de la marche semble avoir dépassé les limites de tout ce qu'on a expérimenté jusque là. Accompagnant la décadence de nos états, l'atmosphère autour de nous change aussi d'allure. Le gris menaçant domine dans le ciel chargé et bas. Seul le vert sombre de ce qu'ils appellent le parapluie du pauvre diversifie la monotonie des teintes ambiantes... il s'agit d'une plante à moitié déchiquetée par les pluies acides et qui ressemble à  ce qu’il pourrait rester d’un vieux parapluie qui a connu tempêtes et ouragans. 

Sur les derniers kilomètres avant le sommet, toute trace de vie tant végétale qu'animale a disparu. Même le parapluie du pauvre n’est plus dans la place. Le sol n'est désormais plus que de la rocaille et des gouffres. De légères fumerolles s'élèvent à nos pieds. En tâtant par endroit par terre, c'est aussi chaud qu'une route goudronnée fumée par un soleil écrasant. Une odeur constante nauséabonde nous  dévore le nez. Parfois, une vapeur âcre et humide voile nos visages. Il nous faut alors nous protéger les voies respiratoires avec nos tee-shirts trempés. Le volcan a apparemment l'air bien énervé. D'après le guide, il est rarement aussi agressif. Il ne faudra pas rester trop longtemps autour du cratère. Quand le vent se met à souffler, violemment et dans une direction précise, le brouillard épais environnant lève ses rideaux pour dévoiler un paysage cataclysmique et désolé. Très rarement, des portes vers le lointain bleu du lac s’ouvrent alors à travers les nuages, comme des poches de réalité dans un drôle de rêve. A moins que ce ne soit des bulles de rêve dans une réalité inquiétante...

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  • Petites histoires, grands récits et photos de nos vies aux quatre coins du globe... Il y a elle, il y a lui, depuis peu il y a bébé, mais il y a surtout une passion commune pour la vie, l'ici et l'ailleurs, le plaisir d'écrire et de photographier.
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